Le gui
- Par ami-germaine
- Le 10/02/2023
- Dans Technique
Le gui (viscum album) appartient à la famille des santalacées. On le trouve en Europe, en Asie et en Afrique du nord où il s’installe sur certains arbres, principalement des feuillus, et exceptionnellement sur quelques résineux.
C’est un arbrisseau considéré comme parasitaire pour de nombreuses espèces d’arbres et dans notre région, il s’installe plus particulièrement sur les peupliers (photo 1) et les pommiers. Dans le nord de la France, sa répartition n’est pas homogène et « la flore de Flandre » le considère comme commun dans une partie de la région (Artois et Boulonnais, et introduit en quelques points de la communauté urbaine de Lille) mais il manque totalement sur près des deux tiers du territoire régional).
Le gui est dioïque, avec des pieds à fleurs mâles et d’autres femelles. Les fleurs mâles staminées (plus grandes) et femelles pistillées (plus nectarifères) sont généralement groupées en triades avec une terminale et deux latérales. La floraison a lieu en mars-avril. Seuls les pieds de gui femelles portent des fleurs blanches laissant place en fin d’été à des baies d’un blanc laiteux. Ces baies translucides (6 à 10 mm) contiennent une graine verte entourée d’une pulpe visqueuse, la viscine, substance collante, qui contribue à la fixation des graines sur les branches.
Les oiseaux frugivores (notamment la grive draine et la fauvette à tête noire) raffolent de ces baies.
- La grive draine rejette les graines non digérées dans leurs fientes et dissémine celles-ci à plusieurs kilomètres vu le temps de digestion.
- la fauvette à tête noire, incapable d’avaler le fruit, se contente d’en extraire la pulpe. Les graines sont ainsi abandonnées sur les branches favorisant une dissémination plus locale. Comme cette pulpe est visqueuse, les grains tombant sur les branches restent souvent collés au bois. Ils germent puis les jeunes plants commencent à enfoncer leurs suçoirs dans l’écorce : c’est le début de la formation d’une nouvelle boule de gui. Une boule de gui peut fabriquer près de 30 000 graines en 35 ans. 1 seule graine sur 10 à 15 000 donnera un nouveau pied.
Une touffe de gui demande plusieurs années pour fructifier : une période de 10 à 15 ans est souvent constatée ; par la suite, il ne disparaît pas mais cesse de se développer rapidement dans l’arbre. Lorsqu’il est très abondant, il affaiblit considérablement l’arbre-hôte et diminue la production de fruits.
Dépourvu de racines, il se fixe sur un arbre hôte dont il absorbe la sève brute à travers un ou des suçoirs qui s’enfoncent superficiellement dans l’écorce les premières années puis plus profondément après .

Il prend, au fil des ans, l’apparence d’une grosse boule de 50 cm à 1 mètre de diamètre.

Le gui est une plante hémiparasite, c'est-à-dire qu’il n’est pas totalement dépendant de son hôte :
- Il utilise les ressources de la plante hôte en puisant ses besoins en eau et en sels minéraux (sève brute) directement dans l’arbre grâce à ses suçoirs.
- Il fabrique sa propre sève élaborée grâce à la photosynthèse faite au niveau de ses feuilles persistantes ; Les feuilles, de couleur vert- jaune contiennent de la chlorophylle leur permettant de synthétiser sa propre matière organique (glucides, lipides et protides…) même en période hivernale.
Au fil des ans, notre pommier a tendance à s’épuiser et pour éviter cet épuisement, il est recommandé de se débarrasser régulièrement de ce parasite en le supprimant au fur et à mesure, cela évitera l’affaiblissement de nos arbres fruitiers et la propagation de ce parasite sur les arbres voisins dans nos vergers. Vous améliorerez vos récoltes sur le plan quantitatif et qualitatif.
Le gui n’est pas un assassin accompli mais sa présence prolongée dans notre verger n’est pas recommandée afin d’éviter une agonie lente de nos sujets.
Certains soulignent l’importance qu’occupe cet arbrisseau parasite dans l’équilibre biologique pour nourrir les oiseaux l’hiver et n’hésitent pas à parler de biodiversité. Soyez rassurés, certains arbres (principalement les peupliers) sont entièrement colonisés par le gui et sont encore vivants. Peu de personnes se hisseront à la cime élevée de ces arbres pour éliminer ces jolies boules vertes. La biodiversité est ainsi préservée et maintenue.
Comment lutter contre le gui.
Aucune solution chimique ne vient à bout du gui sans nuire aussi à la plante hôte. La seule méthode qui marche est de supprimer les touffes de gui. Le gui est une plante toxique et ingérer des feuilles ou des baies blanches du gui provoquerait des troubles digestifs, une soif intense, une diarrhée, des troubles cardiaques. Lors des travaux de manipulation, il est donc recommandé d’utiliser des gants pour vous protéger et éviter les contacts cutanés.
En période hivernale (hors période de gel), couper le gui à ras de la branche de votre arbre fruitier à l’aide d’un sécateur, d’une serpette ou d’une scie. Eliminer ensuite les suçoirs en curant une partie de l’écorce et en ôtant complètement le pivot destructeur. Mais dans la plupart des cas, il ne suffit pas de couper les tiges pour s’en débarrasser définitivement. Le suçoir du gui peut pénétrer profondément le bois de l’arbre et s’y développer latéralement. Il développe ensuite des bourgeons qui assurent le redémarrage de la végétation. N’hésitez pas à vous enfoncer dans la branche de l’arbre : c’est pour son bien !!! Si la plaie est trop large, appliquez du mastic cicatrisant pour colmater celle-ci. Sur des branches fortement colonisées, on peut constater des grosseurs, sorte de tumeurs qui ralentissent et gênent la circulation de sève. Dans ce cas, il est préférable de supprimer entièrement la branche, surtout sur les pommiers car ceux-ci sont capables de la remplacer à plus ou moins long terme. C’est l’occasion idéale pour pratiquer une petite coupe d’hiver en même temps.
MYTHOLOGIE :
Le fait de ne pas avoir de racines, le gui garde cette particularité de rester vert toute l’année et de survivre sur les arbres morts, cette notion d’immortalité en aurait fait une plante sacrée pour les druides. Ceux-ci utilisaient une faucille dorée et un linge blanc pour recevoir la plante prélevée qui servait à préparer la potion magique. Ils cueillaient, la sixième nuit du solstice d’hiver, le gui du chêne, particulièrement recherché car cet arbre représente la force et la puissance. Les druides ont disparu mais le gui symbolise encore ce pouvoir de sceller l’amitié en s’embrassant dessous le jour de l’an à minuit, assurant prospérité et longue vie.
Amis de germaine, mettez vos gants ; pas besoin de faucille dorée et de linge blanc ; Armez vous de patience et de persévérance pour éradiquer ce parasite de votre verger. Celui-ci vous apportera une reconnaissance infinie dans les années à venir.
Proverbe latin : « MALUM SIBI AVEM CACARE », ce qui signifie
« L’OISEAU CHIE SON PROPRE MALHEUR »
Allusion à l’emploi des baies de gui pour confectionner la glu, utilisée justement pour capturer l’oiseau.
Pierre MASSET, membre de l'association dans le Boulonnais
Bibliographie : * ENS de Lyon, Régis THOMAS, David BUSTI, Margarethe & MAILLART (2011)
*Botanique, biologie et physiologie végétale : MEYER,REEB et BOSDEVEIX.
*Petite flore de France, Belgique, Luxembourg et Suisse.